Au fil des canaux : le marais audomarois

Oubliez le marais poitevin saturé de touristes et découvrez la Venise verte du Nord. 3700 hectares de réserve naturelle, 700 km de canaux, des maisons accessibles uniquement par bateaux... il est temps de vivre au fil de l'eau.

2/21/20234 min read

37 km2
700 km de canaux
À 1 h de Lille
Départements du Pas-de-Calais (62) et du Nord (59)

épingle pinterest avec vue des canaux du marais audomarois
épingle pinterest avec vue des canaux du marais audomarois

Le marais audomarois est la plus belle surprise des Hauts de France. Il s'étend aux pieds de Saint-Omer dont il tire son nom. En effet, Audomar est la forme ancienne du prénom Omer, l'évêque fondateur de la cité.

La tradition des marais du Nord

Jusqu'au VIIIe siècle, le marais actuel était une cuvette tourbeuse, un golfe alimenté par l'Aa et relié à la mer du Nord. Les premiers aménagements humains datent du Xe siècle. Les moines de l'abbaye de Saint Bertin à Saint-Omer et ceux de l'abbaye de Clairmarais ôtèrent la tourbe et créèrent les canaux de la Basse et de la Haute Meldyck. La construction des canaux permit de développer le commerce avec l'Angleterre, la Belgique et les Pays-Bas actuels en facilitant la liaison avec la mer du Nord. Puis les agriculteurs entreprirent la poldérisation de cette zone (comme aux Pays-Bas) et mirent en place des canaux de drainage pour évacuer l'eau vers la mer.

Les terres sont cultivées et le marais devient peu à peu un écosystème vertueux permettant la subsistance des brouckaillers, les habitants du marais. La tourbe extraite des marais était un combustible abordable. Les habitants vivaient de la pêche et du maraîchage en se nourrissant et en commercialisant les produits du marais. La culture du tabac permit l'enrichissement de Saint-Omer. On cultivait également du chanvre, utilisé pour la fabrication des cordages de bateaux.

Le marais prend sa figure actuelle au XIXe siècle avec la systématisation des watergangs et du maraîchage. Un watergang ou watringue est un canal ou un fossé en bordure d'un polder qui permet de drainer l'eau vers la mer. C'est un système que l'on rencontre dans les Flandres, les Pays-Bas et la Belgique.

Un labyrinthe d'eau et de verdure

petit pont enjambant un petit canaldu marais audomarois
petit pont enjambant un petit canaldu marais audomarois

Les nombreux moulins à vent qui pompaient l'eau du marais ont aujourd'hui disparu. Il ne reste que les rares maisons qui parsèment les canaux. Certaines ne sont accessibles qu'en bateau. Malgré l'apparition d'embarcations modernes, les bateaux traditionnels sont encore largement utilisés dans le marais. On les appelle les bacôves.

Il est temps de se perdre dans ce dédale, loin du vacarme de la ville, au fil de l'eau, rythmé par le bruit des oiseaux. Hérons, cormorans, grèbes huppées, foulques macroules, poules d'eau, canards... accompagnent vos ballades. La Réserve Naturelle Nationale des Étangs du Romelaëre est le meilleur endroit pour observer les hérons et les cormorans. De nombreuses espèces de poissons sont également répertoriées comme les brochets, le sandre, la truite, le gardon, l'épinoche ou la perche.

Au fil des canaux, vous longerez des berges parsemées de roseaux, vous voguerez au milieu des nénuphars, vous passerez sous des noyers. Ce labyrinthe aquatique est le moyen idéal de décompresser et de se reconnecter à la nature.

Une tradition maraîchère séculaire

Le marais audomarois est une terre maraîchère et on y cultive encore aujourd'hui des légumes qui nourrissent les populations locales et s'exportent dans toute la France. Les 2 principales cultures sont le chou-fleur d'été et l'endive. Le chou-fleur d'été de Saint-Omer c'est une production de 5 millions de tonnes dans le marais. L'endive se cultive en hiver. Une balade dans le Marais Audomarois, en voiture, à pieds, à vélo, à cheval ou en bateau, c'est l'assurance de croiser de nombreux points de vente maraîchers pour faire votre plein de légumes pour la salade ou la soupe du soir.

Les embarcations traditionnelles, liées à ette tradition maraîchère séculaire sillonnent encore les canaux et permettent de découvrir le marais authentique. L'escute est une barque individuelle d'environ 1,20 m de large et mesurant entre 4 et 8 m de long. En chêne de la forât voisine de Clairmarais, l'escute est une barque à fond plat, idéale pour se déplacer aisément sur les petits canaux du marais. Durable, cette embarcation a une longévité de 40 ans environ. Elle se manie à la ruie, longue rame utilisée dans le marais ou avec des moteurs thermiques.

Le bacôve est une barque plus imposante qui sert à transporter les légumes. Considérée comme le camion du maraîcher, cette barque à fond plat peut contenir jusqu'à 3,5 tonnes et servait à transporter les légumes, le bétail, les matériaux de construction. Long de 9,5 mètres et large de 2 mètres, le bâcove fabriqué artisanalement par Les Faiseurs de Bateaux, derniers fabricants du marais sert de nos jours au transport des légumes et au tourisme. Vous l'emprunterez sans doute pour visiter le marais.

Épinglez cet article sur Pinterest pour le retrouver plus tard.

bacôve abandonné dans un bras de canal du marais audomarois
bacôve abandonné dans un bras de canal du marais audomarois

Je vous conseille une visite découverte du marais avec Les faiseurs de Bateaux, derniers fabricants de bacôves et d'escutes du marais audomarois.

Pour une expérience gustative, testez les croisières brunchs ou dîners d'Isnor. Un régal pour le goût et la vue.