Au-delà des mines : un weekend à Lens

Lens, ce n'est pas que le foot et la mine. Injustement méconnu, le pays lensois cache des pépites à découvrir le temps d'un weekend.

2/7/20236 min read

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épingle pinterest avec une vue du louvre lens
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2h30 de Paris en voiture
1h15 de Paris en train
38 mn de Lille en voiture
35 mn de Lille en TER
Sous-préfecture du Pas-de-Calais (62)
Week-end avec location de voiture

Les lillois la pointent du doigt (je connais personnellement des lillois qui n'ont jamais osé y mettre les pieds), méprisée par les parisiens, si Lens souffre de sa réputation de ville ouvrière et morte, elle reste néanmoins une escale nordiste à découvrir le temps d'un week-end dépaysant. Lens est la capitale du pays minier. Le paysage ne trompe pas. Les terrils (prononcez teri) sont ces dunes noires qui parsèment la plaine lensoise et qui sont l'accumulation des résidus miniers après extraction du charbon. La majorité des propositions touristiques tournent autour de ce sujet de façon plus ou moins directe et parfois de manière fort inventive. Un weekend à Lens est idéal pour découvrir ce patrimoine.

Le centre minier de Lewarde

Le pays minier est entré au patrimoine mondial de l'Unesco en 2012. Fort de cette consécration, le Centre Minier de Lewarde s’attache à faire découvrir et comprendre ce patrimoine. Pas de weekend à Lens sans visiter cette institution.

Le site est situé sur l'ancienne fosse Delloye, exploitée de 1931 à 1971. J’ai particulièrement apprécié cette visite qui nous met vraiment dans l’ambiance de ce qu’a pu être la vie d’un mineur. Dans les profondeurs de la mine, la guide explique tout ce qu’il y a savoir, des instruments utilisés aux accidents survenus en passant par les cadences. Des machines et des outils sont utilisés en démonstration pour se faire une idée de leur fonctionnement et du bruit assourdissant qui régnait dans les profondeurs. Puis la partie musée donne à voir des reconstitutions d’appartements ouvriers, une expo sur la vie des familles de mineurs et l’existence des communautés qui vivaient de la mine. En effet, une partie des travailleurs du charbon étaient des immigrés qui étaient venus travailler là dans l’espoir d’une vie meilleure. On y découvre à quel point la vie des mineurs et de leurs familles a évolué en fonction de l’évolution de la société française. Très intéressant. Enfin, le clou de la visite est mené par un vétéran de la mine qui vous raconte sa vie, évoque ses souvenirs et répond à toutes vos questions. Très touchant.

bleus de travail des mineurs suspendus dans la salle des pendus de la mine près de lens
bleus de travail des mineurs suspendus dans la salle des pendus de la mine près de lens

Découvrir un terril

Maintenant que vous êtes imprégné de cette atmosphère minière, que diriez-vous d’explorer un peu plus ces montagnes que sont les terrils.
Plusieurs choix s’offrent à vous. Vous pouvez faire une balade sur un terril végétalisé et avoir l’impression de vous balader dans une forêt jurassienne. Le terril de Pinchonvalles est un bel exemple de renaturation puisque c’est un espace naturel protégé où vivent une faune et une flore riches.

Vous pouvez également prendre de la hauteur sur un terril où rien n’a été planté, brut comme les terrils d’Haillicourt où les terrils jumeaux de Loos en Gohelle. C’est un excellent moyen pour prendre la mesure de tout ce qui a été extrait des entrailles de la terre.

Vous pouvez aussi découvrir un terril de manière tout à fait insolite. Au sommet du terril 42, à Nœux les Mines, chaussez vos skis ou prenez votre snowboard et ridez sur la plus grande piste artificielle d’Europe. Skier dans le Nord, il fallait y penser. L’expérience est plus vraie que nature avec la mise à disposition d’un parc locatif conséquent, la présence de 2 tire-fesses, une cabine de téléphérique et un chalet. Pour en savoir plus sur cette expérience insolite, RDV sur le site de Loisinord


L’instant culturel au Louvre Lens

Désormais l’attraction principale de la ville, le musée du Louvre Lens est à découvrir, niché dans un parc agréable. Ce musée se fond dans le décor. Il est bâti sur un ancien site minier, oui encore et propose des collections issues des réserves du Louvre parisien. La collection permanente, qui en fait voit ses collections changer assez régulièrement selon les besoins du grand frère parisien, est gratuite. Elle s’appelle la Galerie du Temps et propose un rapide voyage dans l’histoire de l’art des figurines mésopotamiennes aux peintures romantiques européennes du XIXe siècle. C’est une façon agréable de mettre l’art à portée de tous. Une seconde galerie, payante celle-ci, propose des expositions temporaires.

Sur les traces des soldats


Peut-être l’avez-vous oublié mais le Nord et le Pas-de-Calais ont été gravement touchés lors des deux guerres mondiales. Il est possible de faire du tourisme partout dans la région autour de cette thématique. Les environs de Lens abritent donc des lieux de mémoire et vous pouvez au choix vous rendre à Notre Dame de Lorette, à la carrière Wellington ou au mémorial canadien de Vimy.

La carrière Wellington est une impressionnante cité souterraine, où près de 20 000 soldats du Commonwealth préparèrent la plus grande attaque surprise de la Première Guerre mondiale, la Bataille d’Arras.

La colline de Notre Dame de Lorette est la plus grande nécropole militaire d’Europe et regroupe sur 25 hectares un cimetière, une basilique, une tour-lanterne et un musée dédié aux batailles de l’Artois. Ce site est également consacré à la Grande Guerre.

Vous pouvez également faire une incursion en terre canadienne en vous rendant au Mémorial Canadien de Vimy. La France a concédé une centaine d’hectares au Canada pour l'érection d’un monument rendant hommage aux 11285 morts dans les batailles de 1917. Ce sont principalement des canadiens anglophones puisque le Québec fut plus réticent à s’engager en 14-18.

Se restaurer

Pour reprendre des forces après ces émotions, RDV chez Comme chez Babcia.
Babcia veut dire grand mère en polonais. La communauté polonaise est très présente dans le pays minier car de nombreux polonais vinrent travailler dans les mines. Pour ceux qui connaissent la Pologne, ce restaurant charmant est une plongée dans l’âme slave. On y mange très bien, le gérant est adorable et il y a même une petite boutique qui propose de l’épicerie et des objets décoratifs polonais.

Pour une cuisine classique et locale de type bistronomique, Le Galibot est un excellent choix. Situé dans l’hôtel du Louvre Lens, le nom galibot désigne les enfants qui travaillaient au plus profond des mines.
Enfant = petite taille = parfait pour être envoyé dans les recoins.

Enfin, si vous préférez une offre gastronomique, l’Atelier du Cerisier, dans le parc du Louvre, vous offre une carte courte mais travaillée, dans un esprit locavore pour une haute cuisine à prix abordable. Les chefs étoilé ont voulu, en travaillant les produits locaux, proposer une découverte de la haute gastronomie à un tarif plus accessible. Je ne l’ai pas testé en revanche. Il n'était pas ouvert quand je suis allée à Lens (ouverture le 1er février 2023).

Où manger et dormir pendant un weekend à Lens ?

Où dormir ?

Une seule adresse me semble valoir le coup. Je reste open à d’autres suggestions en commentaires. Il s’agit de l’Hôtel du Louvre Lens. Il s’agit d’un ancien Coron, la Cité 9, réhabilité en hôtel 4*. Le mélange de briques et la décoration noire renvoie au patrimoine du lieu et aux origines minières. Bien que sombre, la décoration reste chaleureuse et les galeries et la moitié des chambres donnent sur les anciens jardins ouvriers. L’hôtel comporte un sauna et une salle de fitness. Et surtout, le petit-déjeuner est fort bien achalandé et tout à fait délicieux.

Bonus. Pour les fans de foot, il serait intéressant de choisir un weekend où il y a un match Lille Lens au stade Bollaert. Histoire de vivre l’expérience lensoise jusqu’au bout.
Bonus 2. À votre arrivée, prenez un petit moment pour observer la gare de Lens, monument Art Déco.

Salle des pendus au centre minier de Lewarde

Comme chez Babcia